Le tout premier Forum mondial pour les réfugiés

16 décembre 2019|Kevin White SJ, représentant du Service Jésuite des Réfugiés à Genève, Suisse.

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Rahma est une réfugiée éthiopienne. Elle a suivi une formation et travaille maintenant comme membre du personnel de JRS pour l'unité des besoins spéciaux de l'établissement de réfugiés de Kakuma, au Kenya. Elle a également adopté un bébé, Blaze, qui a été abandonné par ses parents. (Fredrik Lerneryd/Service jésuite des réfugiés)

Ce n’est pas une hyperbole : Aujourd’hui, plus de gens ont été forcés de fuir leurs maisons qu’à n’importe quel moment de l’histoire. Ce déplacement est un sujet complexe, souvent épineux, qui peut être exploité à des fins politiques. Il y a de bonnes nouvelles au sujet des initiatives visant à résoudre le problème, y compris le tout premier Forum mondial sur les réfugiés, qui se tiendra du 17 au 18 décembre, à Genève. Mais d’abord voici quelques termes et statistiques qui peuvent aider à donner un sens aux gros titres. Derrière ces chiffres se cachent des individus qui ne veulent rien de plus et ne méritent rien de moins que ce que nous voulons tous et ce dont nous devrions tous jouir : une vie conforme à notre dignité d’enfants de Dieu. La façon dont nous réagissons reflète notre propre humanité.

L’ampleur des déplacements dans le monde

Aujourd’hui, près de 71 millions de personnes, soit près du double du nombre d’habitants de Tokyo, la plus grande ville du monde, ont été déplacées de force.

26 millions sont des réfugiés, des personnes qui, par crainte fondée de persécution ou de violence pour des raisons de race, de religion, de nationalité, d’opinion politique ou d’appartenance à un groupe social particulier, ont fui leur pays. La moitié des réfugiés ont moins de 18 ans.

3,5 millions de personnes sont des demandeurs d’asile, des personnes qui cherchent à se protéger dans un pays donné et qui doivent attendre d’être reconnues par ce pays comme réfugiées.

41 millions de personnes déplacées à l’intérieur de leur pays—des personnes qui ont fui leur foyer en raison de conflits internes ou de catastrophes naturelles, mais qui n’ont pas franchi la frontière internationale. Les personnes déplacées restent sous la protection juridique de leurs propres gouvernements et, contrairement aux réfugiés, ne sont pas éligibles à la protection juridique internationale, ni à de nombreux types d’aide.

Suivi du Pacte mondial sur les réfugiés

Cette semaine, à Genève, en Suisse, l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) et la Suisse accueilleront le tout premier Forum mondial sur les réfugiés. Ce rassemblement des États membres de l’ONU, ainsi que des entreprises privées, des organisations à but non lucratif et des organisations non gouvernementales (y compris le Service Jésuite des Réfugiés) se réuniront pour aborder la situation actuelle des réfugiés. Cette réunion fait suite au Pacte mondial sur les réfugiés de 2018, c’est-à dire la déclaration de détermination de la communauté internationale à améliorer la réponse du monde aux situations des réfugiés d’aujourd’hui en veillant à ce que les réfugiés et les nations qui les accueillent reçoivent le soutien dont ils ont besoin.

Le Pacte mondial a quatre objectifs :

  1. Alléger la pression sur les pays d’accueil ;
  2. Renforcer l’autonomie des réfugiés ;
  3. Élargir l’accès aux solutions dans des pays tiers (réinstallation permanente ou d’autres possibilités telles que des bourses d’études ou des permis de travail); et
  4. Favoriser les conditions d’un retour dans les pays d’origine en sécurité et dans la dignité.

Le Pacte Mondial avait envisagé des réunions périodiques pour évaluer les progrès accomplis vers ses objectifs, d’où le Forum mondial sur les réfugiés. Au cours du Forum, les États et d’autres parties prenantes échangeront les « bonnes pratiques » et annonceront des promesses de dons et des contributions dans six domaines d’intérêt : le partage des responsabilités, l’éducation, l’emploi et les moyens de subsistance, l’énergie et les infrastructures, les solutions et la capacité de protection.

JRS s’est engagé dans le cadre de l’éducation, de l’emploi et des moyens de subsistance, et des solutions (programmes de réconciliation / consolidation de la paix).

Financement et réinstallation

Cette prochaine, un Forum réussi verra davantage d’États et d’autres acteurs se joindre à la réponse face à la situation des réfugiés en tant que donateurs, hôtes et partenaires. Le Forum espère enrôler le « milieu manquant », c’est-à-dire les États qui pourraient soit contribuer davantage, soit accueillir plus de réfugiés.

En 2018, 76 % du budget du HCR provenait des 10 principaux États donateurs, dont 38 % provenaient des seuls États-Unis, et 60 % de la population mondiale de réfugiés vivait dans seulement 10 pays. Cet état de fait n’est pas soutenable.

Que pouvez-vous faire ?

The GRF will be a high-level gathering of states and other stakeholders, but what can individuals do about the forced-migration crisis? A few thoughts:

Le Forum sera un rassemblement de haut niveau d’États et d’autres parties prenantes, mais que peuvent faire les individus au sujet de la crise de la migration forcée ? Quelques réflexions :

  1. La réponse nécessaire est à la fois collective et individuelle. Nous pouvons tous faire une chose (#Do1Thing) pour apporter de l’espoir aux réfugiés. Inspirez-vous ici.
  2. Renseignez-vous sur l’enseignement social de l’Église  et ses positions sur la migration.
  3. Inspirez-vous des 20 points d’action du pape François que vous pouvez utiliser dans votre communauté ou paroisse pour vous impliquer personnellement de manière pratique et spirituelle.
  4. Envisagez de devenir partenaire de JRS  ou de faire une contribution financière.
  5. Entreprenez un jeûne pour les réfugiés, une action recommandée par l’Église comme un moyen de devenir plus conscient de notre dépendance les uns envers les autres et de nous rendre plus reconnaissants de ce que nous avons, et donc plus disposés à partager. Dieu ne se délecte pas de notre inconfort dans la faim ; au contraire, Dieu se précipite pour élargir nos cœurs quand nous nous sentons plus ouverts aux autres.

 

Une version plus longue de cet article est parue pour la première fois dans le America magazine le 11 novembre 2019.