Tchad : les enseignants sensibilisent les communautés de réfugiés au COVID-19

11 mai 2020

Des affiches et du matériel d’information ont été diffusés pour sensibiliser sur la propagation du virus et la distanciation sociale.

Les élèves ne sont plus appelés en classe, ni les leçons écrites sur des tableaux noirs. Avec 170 cas signalés de COVID-19 et 17 décès – selon l’Organisation Mondiale de la Santé le 6 mai 2020 – le Tchad reste fermé, comme la plupart de la communauté internationale, pour freiner la propagation de la pandémie. L’année scolaire tchadienne commence en octobre et se termine fin juin. Cette année, cependant, les portes des écoles restent fermées depuis le 19 mars.

La fermeture de centres d’éducation partout au pays pose de nouveaux défis aux communautés de réfugiés du pays. Mi-2019, il y avait plus de 102 000 étudiants réfugiés au Tchad, comme l’a indiqué le HCR. Leur engagement scolaire risque un grand retard, car de nombreux réfugiés n’ont pas de télévision ou de radio pour pouvoir suivre les cours télématiques offerts par le gouvernement. Les écoles servent également de points de sécurité, de réconciliation et de sensibilisation communautaire, de sorte que les enfants sont plus vulnérables à la violence domestique, sexuelle et sexiste, ainsi qu’à l’exploitation, pendant qu’ils sont confinés.

Bien que les écoles restent fermées, les enseignants de JRS cherchent des moyens de garder leurs élèves engagés et impliqués dans leurs études. « Chaque fois que je rencontre un parent dans le secteur de mon école, je leur rappelle de demander à leur enfant de revoir les documents qu’ils ont déjà appris à l’école afin d’être prêts pour leur [prochain] examen », explique Abdelhamid Ibrahim Radjab, qui enseigne dans le camp de réfugiés d’Amnabak, à Iriba.

Les enseignants jouent un rôle particulièrement important dans la sensibilisation au virus dans les sept camps de réfugiés où œuvre JRS. « Nous nous sommes réunis pour sensibiliser la communauté. Nos élèves en font partie, il est donc important pour nous de diffuser le message », explique Ibrahim Isaakh, professeur de sciences naturelles à Djabal.

Les enseignants contribuent à la distribution d’affiches et de matériel d’information, ainsi qu’à l’engagement des élèves et de leurs familles pour sensibiliser les gens aux mesures de prévention et à la distanciation sociale. « J’ai recommandé de se laver les mains fréquemment, d’éviter les foules et de ne pas se rassembler dans les rues pendant cette période », confirme Fatimé Ali Rifa, enseignante dans le camp de réfugiés de Touloum, à Iriba.

Nous nous sommes réunis pour sensibiliser la communauté. Nos étudiants en font partie, il est donc important pour nous de diffuser le message.
IBRAHIM ISAAKH, ENSEIGNANT DANS LE CAMP DE RÉFUGIÉS DE DJABAL

« Pour les élèves, la fermeture des écoles affecte leur emploi du temps, car ils ne pourront pas terminer le programme », explique Abdallah Ahmat, professeur de mathématiques au camp de réfugiés de Djabal. « La communauté est inquiète ; rien n’est pas sûr pour l’avenir de nos enfants. La question est de savoir quand tout cela va-t-il se terminer ? »

Alors que JRS surveille l’évolution de la situation, des plans potentiels pour l’avenir sont mis en place pour la réouverture des écoles. Il s’agit notamment d’intensifier les cours pour permettre aux étudiants de rattraper leur retard et de s’organiser pour que chaque classe n’inclue pas plus de 10 élèves. Alternativement, les élèves peuvent étudier de la maison par groupes de trois ou quatre, et seront surveillés par des enseignants prêts à aller de maison en maison pour vérifier ce que les élèves font et essayer de réviser avec eux.

Au milieu de ces incertitudes, une chose est claire : l’engagement de nos enseignants n’a jamais faibli. Nous espérons que la situation s’améliorera bientôt pour permettre aux enseignants et aux élèves de retourner à l’école. « Pour le moment, et jusqu’à la fin de la pandémie, nous continuerons à soutenir nos élèves dans l’apprentissage à domicile », confirme Makka Abdallah Dehie, enseignante en primaire au camp de réfugiés de Mile, à Guereda.