Sœur Denise et Reth, Artisans de la Paix en amitié avec le peuple cambodgien
29 juin 2023
En 1997, sœur Denise et Tun Channareth (Reth) ont reçu le prix Nobel de la paix pour leurs efforts dans la campagne pour l’interdiction des mines terrestres. Récemment, à Rome, la fondation vaticane Fratelli Tutti les a honorées avec d’autres lauréats du prix Nobel de la paix. À cette occasion, nous les avons interviewées.
Depuis plus de 30 ans, sœur Denise Coghlan, RSM, accompagne les victimes de la violence et du conflit au Cambodge déplacées par force, ainsi que les personnes frappées par les vestiges de la longue guerre qui s’y est déroulée. Pendant la plupart de sa vie, sœur Denise a défendu le droit à une vie digne et à des moyens de subsistance pour les survivants de la guerre. Elle a joué un rôle clé en tant que membre de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres, qui a conduit à l’adoption du traité d’interdiction des mines en 1997. Sœur Denise se souvient que les premières campagnes de sensibilisation à l’élimination des mines antipersonnel et des armes à sous-munitions étaient de véritables témoignages de l’acte de réconciliation entre groupes en conflit.
« Si nous voulons nous efforcer d’être des Artisans de la Paix, nous sommes appelés à répondre à la question de savoir comment dialoguer avec ceux qui ont des vues opposées et quelle stratégie adopter pour s’engager dans la voie de la paix. L’art du compromis sans renoncer à sa propre intégrité est incroyablement difficile », affirme sœur Denise.
Aux côtés de sœur Denise, il y a Reth, un ancien employé du JRS, actuellement chef du programme de sensibilisation à la mission jésuite au Cambodge et membre de la Campagne internationale pour l’interdiction des mines terrestres. Reth est un survivant des mines antipersonnel qui a travaillé avec sœur Denise pour défendre les droits des personnes déplacées victimes des mines terrestres au Cambodge. Au début, ils ont travaillé dans des camps de réfugiés, offrant des services d’éducation, de soins de santé et de subsistance. Puis, ils sont allés plus loin, dans un processus de promotion de la paix et de la réconciliation entre les factions belligérantes. « Nous avons essayé d’élargir le sens de l’accompagnement en travaillant avec la population locale touchée par toutes les parties du conflit, en construisant ensemble des fauteuils roulants. Aujourd’hui, en 2023, nous voyons des personnes comme Reth accompagner d’autres personnes dans les communautés affectées par les mines afin qu’elles puissent avoir une vie digne et des opportunités économiques grâce à la génération de revenus, mais surtout une amitié avec des gens qui les traitent avec dignité et sur un pied d’égalité. Je crois qu’il s’agit là d’un véritable acte de réconciliation et de pacification », ajoute sœur Denise.
Reth est une personne qui résout les problèmes et qui a conçu des fauteuils roulants pour les réfugiés amputés, tout en aidant d’autres personnes à faire entendre leur voix au sein de leurs propres communautés. Il est un Artisan de Paix. Ses fauteuils roulants pour les survivants des mines antipersonnel deviennent des véhicules promouvant la vie et la subsistance et, à leur tour, encourageant la paix et la réconciliation. « Nous poursuivons notre travail de sensibilisation en demandant à tout le monde d’interdire les mines dans son propre cœur. Travailler avec les membres de la communauté locale signifie donner un peu de lumière, comme une petite bougie, pour promouvoir la vie des gens, construire avec eux et les encourager tout au long du chemin », conclut Reth.