Le JRS tire la sonnette d’alarme sur l’aggravation de la crise humanitaire due au conflit au Soudan
13 novembre 2023
Plus de six mois se sont écoulés depuis que le conflit armé a éclaté à Khartoum, la capitale du Soudan, à la suite d’une lutte pour le pouvoir entre le gouvernement et une force paramilitaire connue sous le nom de RSF (Rapid Support Forces). Alors que la situation de violence et d’instabilité ne diminue pas au Soudan, la crise humanitaire au Soudan et au Renk (Sud-Soudan) continue de s’aggraver.
« Depuis quelques mois, le Soudan est en proie à une guerre civile qui ne montre aucun signe d’apaisement et qui fait de nombreuses victimes, des millions de personnes déplacées à l’intérieur du pays et réfugiées dans les pays voisins, ainsi qu’une situation humanitaire très grave. Proche des souffrances de ces chères populations du Soudan, j’adresse un appel vibrant aux dirigeants locaux pour qu’ils facilitent l’accès à l’aide humanitaire et qu’ils œuvrent, avec la contribution de la communauté internationale, à la recherche de solutions pacifiques. N’oublions pas nos frères et sœurs en détresse ! ». – Pape François, lors de l’Angélus dominical sur la place Saint-Pierre, le 12 novembre.
Plus d’un million de personnes ont fui le Soudan et plus de six millions ont été déplacées à l’intérieur du pays. Les personnes qui ont quitté le Soudan se sont réfugiées au Tchad, en Égypte, en Éthiopie et au Sud-Soudan, où des agences comme le Service Jésuite des Réfugiés (JRS) ont apporté leur soutien et leur aide aux populations déplacées. Depuis le début du conflit, le JRS a concentré ses efforts de réponse au Tchad, où nous fournissons une éducation d’urgence et un soutien psychosocial, et au Sud-Soudan, où notre objectif opérationnel est principalement la réhabilitation par la physiothérapie, la santé mentale et le soutien psychosocial.
Le JRS est présent à la frontière entre le Soudan et le Sud-Soudan, plus précisément à Renk, où plus de 300 000 personnes ont déjà traversé la frontière en octobre 2023. Ce chiffre devrait continuer à augmenter dans les mois à venir, à mesure que le conflit se prolonge et que des centaines de personnes continuent à traverser chaque jour. Alors qu’au début du conflit, la majorité des personnes qui traversaient étaient des Sud-Soudanais, le pourcentage de réfugiés soudanais à la recherche d’un abri est aujourd’hui en augmentation.
« Je n’ai aucun espoir que le conflit au Soudan se termine bientôt… c’est pourquoi mon plan est de rester à Renk pour l’instant et de ne pas retourner à Khartoum. […] Je suis tout simplement fatiguée. » – Maryam Halil Muhammad (42 ans), mère soudanaise de neuf enfants, vit à Renk depuis octobre. Son fils, Muhammad Abdullah (15 ans), est atteint d’infirmité motrice cérébrale et bénéficie de services de rééducation fournis par le JRS.
La crise humanitaire s’aggrave principalement en raison d’un manque important de fonds. L’attention mondiale est actuellement concentrée sur d’autres conflits dans le monde et la crise actuelle du Soudan est oubliée par les médias, les agences, les donateurs et le public en général. Par conséquent, nous nous trouvons dans une situation où les besoins augmentent alors que le soutien nécessaire n’est pas au rendez-vous.
Renk est confrontée à des défis particuliers car elle servait à l’origine de centre de transit, mais le grand nombre de rapatriés sud-soudanais et de réfugiés soudanais met à rude épreuve la capacité des ONG et des partenaires à fournir des services adéquats. La crise humanitaire s’aggrave et si nous ne parvenons pas à mobiliser des ressources rapidement, les habitants de Renk se retrouveront dans une situation encore plus délicate et vulnérable.
Le JRS est le seul partenaire à fournir des services de conseil à une communauté fortement traumatisée, ainsi que le seul partenaire à offrir des services de rééducation physique et de physiothérapie ; pourtant, les équipes font face à une demande importante avec une capacité limitée. Le JRS fournit également une assistance humanitaire de base, notamment des moustiquaires, des ustensiles de cuisine, du savon et des serviettes hygiéniques, mais il est impossible d’atteindre toutes les personnes qui en ont besoin.
Le JRS appelle la communauté internationale à ne pas tourner le dos à ceux qui fuient la crise au Soudan. Nous ne pouvons pas ignorer les souffrances et les luttes de ces personnes et nous devons continuer à fournir une aide en espèces et en nature pour soulager les personnes déplacées de force qui fuient les horreurs du conflit. Le JRS plaide pour une résolution pacifique du conflit et continuera à offrir de l’aide aux communautés déplacées venant du Soudan.