Au service des réfugiés oubliés sur la route des Balkans

16 novembre 2022

Le personnel et les partenaires du JRS aident les personnes en déplacement à la gare de Rijeka en Croatie.

Ces dernières semaines, un grand nombre de migrants ont été hébergés à la gare de Rijeka. Sur demande de l’Archidiocèse de Rijeka, le JRS Croatie s’est engagé à fournir une assistance et a mis à disposition ses employés, ses bénévoles et ses ressources matérielles. Le JRS Bosnie-Herzégovine a lui aussi répondu positivement à cet appel. Voici une description des événements dont nous avons été témoins.

 

Il y a beaucoup de passagers à la gare de Rijeka, certains de ces visages sont familiers. Nous les avons rencontrés en Bosnie-Herzégovine, dans des centres d’accueil temporaires, puis en dehors des camps officiels, dans des lieux dits de proximité. Leur voyage continue ; ils se rapprochent un peu plus de leur objectif. Rijeka n’est qu’une étape, une autre halte temporaire.

Dans l’ancienne gare, à côté des chemins de fer, ils restent peu de temps, jusqu’à ce que leur voyage se poursuive. Ils dorment dans le bâtiment de l’ancienne gare dans leurs sacs de couchage, leurs seuls lits. Ils restent plus longtemps si les lignes de bus vers Lupoglav et l’Istrie sont surréservées. Et puis ils continuent leur voyage à travers les paysages verdoyants, à pied vers la Slovénie, l’Italie… De nouvelles gares les attendent. Certains ont mal aux pieds, d’autres souffrent de maladies de la peau, qui s’acquièrent en voyageant longtemps et dans de mauvaises conditions, sans eau chaude ni douches, et d’autres encore ont une fièvre élevée due à l’épuisement, qu’ils traitent rapidement avec de l’ibuprofène.

Avec eux, les volontaires du JRS, de Caritas de l’Archidiocèse de Rijeka et de la Croix-Rouge.

... ils ne sont pas seuls, ils se sont faits des amis, des frères et des sœurs au cours de leur long voyage

La route qui part de l’Afghanistan, traverse l’Iran, la Turquie, la Serbie, la Bosnie-Herzégovine, jusqu’à Rijeka, ne manque pas de laisser des traces visibles. Nous regardons ces traces, tout ce qu’ils ont traversé et toutes leurs difficultés s’ouvrent devant nos yeux, parce que nous les connaissons. Ils sont heureux parce qu’ils nous voient, ils nous reconnaissent et nous appellent Habibi, en signe de joie. Dans leur langue, habibi est une personne du cercle familial, ou quelqu’un de proche sur qui ils peuvent compter.

Cela signifie qu’ils ne sont pas seuls, qu’ils se sont faits des amis, des frères et des sœurs au cours de leur long voyage. Quelqu’un qui les écoutera, les comprendra et les aidera. Nous les avons suivis pendant une partie de leur voyage, et nous sommes heureux d’être à nouveau ici, ensemble. Ils approchent de leur objectif, et nous voulons nous rendre à nouveau disponibles pour la mission, cette fois en collaboration avec le Bureau croate, car ce n’est qu’ensemble que nous pourrons faire plus pour nos amis de Rijeka.

Notre expérience passée de service et de vie parmi les migrants dans les centres d’accueil temporaire, à Blažuj, Lipa et Ušivak, ainsi que notre présence et notre assistance à l’extérieur des camps, sur les sites de Kladuša et Bihać, peuvent aider à organiser et à fournir des formes similaires d’assistance aux personnes dans une situation difficile.

Tout cela afin de leur permettre de se ressourcer, de voir des visages familiers qui se soucient d’eux, qui les encourageront, les aideront à se tenir debout et à avancer vers leur avenir.

Cela leur donne l'espoir qu'ils peuvent continuer à marcher des kilomètres vers un avenir meilleur.

Même les petits gestes d’humanité que nous tenons pour acquis, comme l’eau chaude, les douches, les vêtements propres, un repas chaud et le fait de soigner des pieds blessés, leur redonnent des forces et leur procurent un sentiment de bienveillance. Cela leur donne l’espoir qu’ils peuvent continuer à marcher des kilomètres vers un avenir meilleur.

Pour nous, leur apporter de l’aide ne signifie pas seulement sauver les citoyens de Rijeka d’une potentielle catastrophe humanitaire, d’une infection ou d’une saleté, ni que nous allons collecter les restes de leur séjour, qu’ils n’ont eux-mêmes nulle part où les déposer. Il ne s’agit pas de se contenter de fournir l’aide humanitaire la plus élémentaire que le monde civilisé doit apporter.

Cela signifie plus pour nous, cela signifie offrir la miséricorde, parce que la personne qui ressent et reçoit la miséricorde, la répand dans le monde entier. La charité change une personne. Et ce monde a besoin d’un changement. Europa est un vieux bâtiment de gare, la vie s’y éteint et il faut la faire revivre.

 

Cette nouvelle a été publiée pour la première fois par JRS BiH.