Avec sa position centrale entre l’Afrique et l’Europe, Malte a toujours été un lieu de refuge pour les réfugiés traversant la mer Méditerranée. Bien que l’ile soit géographiquement petite, l’économie maltaise s’est développée ces dernières années, avec une augmentation de l’emploi au fur et à mesure du développement touristique de l’ile. Malte possède également une culture riche avec des influences du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Europe, attirant des migrants de diverses régions qui veulent se familiariser avec les coutumes locales.
Le Jesuit Refugee Service (JRS) a commencé à travailler à Malte en 1993 et offre aujourd’hui une assistance juridique et sociale, des soins de santé, un soutien psychologique, des soins spirituels ainsi que d’autres services. De plus, le JRS rend visite aux migrants et demandeurs d’asile qui ont été détenus ou qui vivent dans des camps à l’intérieur de zones isolées, et qui n’ont que peu ou pas de possibilités d’intégration dans la société maltaise. Le JRS rencontre souvent des réfugiés qui ont fui des situations désespérées en quête d’une vie meilleure, et qui se retrouve coincés dans l’incertitude, incapables d’avancer ou de reculer. Le processus maltais de détermination du statut de réfugié est lent et, les centres d’immigration étant éloignés des villes, de nombreux migrants ne sont pas en mesure de travailler ou de subvenir à leurs besoins après leur arrivée. Le JRS de Malte déploie des efforts considérables pour atteindre la communauté des réfugiés, mais malgré tous ses efforts, une grande partie de la population a encore besoin d’assistance.
En février, des étudiants de l’Université Loyola de Chicago du campus de Rome, le Centre John Felice de Rome (CJFR), ont visité les bureaux du JRS à Malte et rencontré le Père Mark Cachia SJ, Directeur adjoint du JRS Malte. Le Père Cachia a fait une présentation sur la situation des réfugiés à Malte et en Europe. Comme beaucoup d’autres pays européens, Malte a développé un sentiment anti-migration malgré une pénurie de travailleurs. Les étudiants ont ainsi pu acquérir une perspective humaine du débat sur la migration, et le Père Cachia SJ a également pu développer un peu plus le contexte autour des récents reportages sur les navires de sauvetage. Une législation plus restrictive est entrain d’être ordonnée pour empêcher les navires de sauver des vies, et même lorsqu’ils réussissent, des pays comme Malte refusent souvent de permettre aux migrants de désembarquer avant que d’autres États membres européens n’ait accepté de relocaliser tout ou partie du groupe secouru. Ce processus retarde les soins médicaux et psychosociaux nécessaires aux réfugiés. Le Père Cachia SJ a souligné le paradoxe entre le peuple maltais qui est fier que Saint Paul se soit historiquement écrasé sur les côtes maltaises, mais qui rejettent ensuite les migrants confrontés au même sort.
Les étudiants ont également rencontré une avocate spécialisée en droit de l’immigration à Malte, le Dr Juliana Scerri Ferrante. Le Dr Ferrante a donné aux étudiants une perspective juridique, expliquant la procédure à suivre par les migrants pour demander l’asile ou la protection sous le statut de réfugié. Elle a également exprimé le besoin d’une migration de main-d’œuvre pour le pays, mais force est de constater qu’il y a une exploitation croissante des travailleurs migrants à Malte. Le gouvernement maltais a déployé des efforts considérables pour encourager les migrants à demander légalement des permis de travail pour entrer dans le pays, mais les employeurs continuent d’embaucher des migrants illégalement, en leur versant des salaires inférieurs à ceux des personnes ayant un statut légal et en les menaçant d’expulsion s’ils demandent une protection en vertu de la législation sur l’immigration.
Les étudiants ont massivement remarqué la nature contradictoire des arguments contre la migration. Un étudiant a dit : « Les discours très contradictoires sur l’immigration et les immigrants eux-mêmes semblent être très importants à tous les niveaux et à tous les postes du système d’immigration. » Il est clair que pour un observateur extérieur le système fonctionne contre les réfugiés et doit être réformé. Les étudiants américains ont pu se reconnaître dans la situation de Malte qui est un pays avec une mixité d’identités et ayant une histoire liées à la migration. Ils ont souvent trouvé des parallèles entre la situation des migrants à Malte et aux États-Unis, où les discours néfastes et les statistiques infondées jouent également contre les réfugiés.