Ces dernières années, le JRS Indonésie n’a pas seulement pourvu aux besoins de base des réfugiés résidant temporairement à Bogor, Java Ouest, mais il les a encouragés à s’organiser pour contribuer de manière positive à la communauté de réfugiés et à la communauté locale. Le projet d’autonomisation de la communauté vise essentiellement à mettre en œuvre des activités en collaboration avec les réfugiés, en proposant notamment des apprentissages scolaires de base ainsi que d’autres activités extrascolaires pour les enfants réfugiés, des cours de langue et des formations à diverses compétences comme l’informatique de base, la photographie, la vidéographie, l’artisanat et la couture.
Les réfugiés et leurs familles peuvent attendre un long moment avant d’être réinstallés, ce qui les enferme dans une espèce de non-vie dont ils ne voient pas clairement l’issue. Ceci peut entraîner des troubles psychiques chez les réfugiés. En même temps, le JRS a constaté que beaucoup de réfugiés ont de précieuses compétences qu’ils peuvent mettre au service non seulement de la communauté de réfugiés mais aussi de la communauté locale. Le projet d’autonomisation du JRS aide les réfugiés à renforcer leurs compétences, à les partager avec d’autres et à contribuer de manière positive à la communauté.

Tous les ans, les services sont évalués en fin d’année, y compris ceux qui font partie des programmes de collaboration, grâce à la méthode du « Changement le plus significatif » (MSC, en anglais). Parmi les résultats les plus remarquables de ce processus on retrouve des témoignages comme celui de Maryam, une femme réfugiée originaire d’Éthiopie, qui explique l’impact positif que ce programme de collaboration a eu dans sa vie.
Maryam et sa famille sont partis chercher un refuge en Indonésie, en 2015, à cause de l’instabilité dans leur pays d’origine. Rêvant d’une vie meilleure, elle n’avait pourtant jamais imaginé que son périple la conduirait jusqu’à un nouveau pays, l’Indonésie. Aujourd’hui, elle habite à Cipayung, un village de montagne dans le secteur de Bogor. Laissant derrière elle tout ce qui lui était familier, elle a dû se battre au sein d’un monde nouveau avec des coutumes et une langue différentes.
Maryam a confié la précarité de sa situation à notre équipe avant de se joindre au Projet de Couture pour Réfugiés (RTP, en anglais), un centre de formation créé par une communauté de réfugiés en collaboration avec le JRS Indonésie à Cipayung. Elle se sentait perdue et isolée, elle ne faisait rien de ses journées, ce qui engendrait un stress qui lui était très lourd à porter. Timide et sans aucune confiance en elle, elle se sentait piégée dans un cercle vicieux : dormir et manger toute la journée, languissant, sans objectif et sans raison de se lever le matin, ce qui lui semblait hors de portée.

Après s’être inscrite au Centre de formation, sa situation s’est transformée petit à petit. Maryam déclarait : « Apprendre l’anglais à des enfants au sein du centre de formation a fait disparaître mon stress, petit à petit. J’ai eu l’opportunité d’échanger avec des gens, de connaître de nouveaux visages et de travailler en tant qu’administratrice et enseignante. Même si elle est modeste, l’aide du JRS pour les transports est un vrai soutien, au moins pour les sorties occasionnelles. Lorsque je ne l’utilise pas, je la verse à ma maman pour l’achat de nourriture. »
Quant à ses relations avec le personnel et les étudiants du JRS Indonésie, l’expérience de Maryam s’avère positive, comme elle l’explique elle-même : « Les responsables du JRS souriaient tout le temps, ils s’adressaient à moi comme à un être humain. Nous sommes devenus amis. Les sourires offrent de l’espérance. Je me sens à l’aise et mon stress est réduit parce que je suis occupée à d’autres choses. Je suis avec les gens. J’ai aussi des contacts avec le personnel du JRS, je participe à des débats et j’offre des cours aux enfants. Nous nous asseyons ensemble, comme une famille. Je n’ai pas la sensation d’être une étrangère, je suis beaucoup plus motivée qu’avant. »
Se joindre à l’équipe du centre de formation a permis à Maryam de rencontrer des gens, de mettre ses compétences au profit des autres et de transformer sa vie de façon significative. Elle se sent plus à l’aise ; elle a retrouvé une nouvelle confiance. Elle ne se sent plus isolée ni étouffée, elle a été accueillie comme un membre de la famille ; elle puise sa force et sa motivation dans son travail et dans la communauté. Le périple de Maryam en tant que réfugiée en Indonésie est devenu une histoire d’espérance, de résilience et un exemple du pouvoir de transformation qui réside dans le soutien et dans les opportunités. Elle est consciente qu’il lui reste des défis à relever, mais elle est prête à le faire avec le soutien de ses amis, de sa famille et du JRS.
*Cet article a été initialement publié par la Curia Generalizia della Compagnia di Gesù (Compagnie de Jésus).