Pourquoi le travail humanitaire est-il important pour les communautés en Ouganda ?

19 août 2025

Dans le cadre de notre série d’entretiens avec des membres du personnel à l’occasion de la Journée mondiale de l’aide humanitaire, nous nous sommes entretenus avec Christina Zetlmeisl, Directeur National du JRS Ouganda, sur le sens et l’impact du travail humanitaire avec – et pour – les personnes qu’elle sert en Ouganda. 

Pourquoi le travail humanitaire est-il important pour votre communauté ?  

L’Ouganda accueille actuellement plus de 1,9 million de réfugiés vivant dans des campements et des centres urbains. En raison des coupes budgétaires actuelles et des réductions des denrées alimentaires, nombre d’entre eux sont confrontés à de graves difficultés pour survivre.  

L’accès aux services médicaux – en particulier dans des endroits comme Kampala – est surchargé, seuls quelques partenaires travaillant dans la région. En conséquence, d’innombrables personnes luttent pour recevoir un traitement médical. Nombreux sont ceux qui n’ont pas les moyens de se nourrir une fois par jour ou qui ont des difficultés à accéder à l’éducation ou à des moyens de subsistance.  

L’action humanitaire, même si elle n’est pas viable à long terme, reste nécessaire, aujourd’hui plus que jamais. En particulier pour les membres les plus vulnérables de la communauté, qui sont incapables de subvenir à leurs besoins en raison de difficultés physiques et psychologiques. 

Comment les personnes que nous servons en Ouganda ont-elles été affectées par le gel des financements? 

La lettre de suspension du gouvernement des États-Unis est arrivée ici le samedi 25 janvier au matin. Tous ces moments sont très présents dans nos mémoires. Dès le lundi matin, nous avons dû nous organiser en interne.  Nous avons dû dire à tout le monde que nous devions poser le stylo, arrêter d’écrire des courriels ou arrêter d’enseigner l’anglais.  

Nous gérons deux projets : l’un ici à Kampala, au Centre urbain, et l’autre à Adjumani, dans le nord de l’Ouganda, près de la frontière avec le Soudan du Sud. Notre projet à Adjumani n’a pas été directement affecté par les réductions de financement. Malheureusement, le projet de Kampala, qui soutient les réfugiés urbains, a été fortement touché. 

La situation était particulièrement difficile pour ceux qui venaient de commencer les programmes de conseil. Nous avons dû les informer que nos conseillers ne seraient plus disponibles pour poursuivre les séances. C’est quelque chose que nous n’aurions jamais imaginé devoir faire. De nombreuses personnes nous ont contactés pour nous faire part de leurs difficultés. 

Quel a été le pire moment pour vous ?  

Les quatre mois écoulés depuis la fin du mois de janvier ont été très éprouvants, non seulement pour moi personnellement, mais aussi et surtout pour notre personnel et les personnes que nous servons ici en Ouganda. Nous avons dû suspendre certains membres du personnel du jour au lendemain.  Le 10 mars, nous avons été contraints de mettre fin à plusieurs contrats, ce qui a entraîné des licenciements. Heureusement, depuis lors, nous avons réussi à faire revenir certains d’entre eux. 

Il a été tout aussi douloureux d’informer ceux que nous servons – des réfugiés et des membres de la communauté d’accueil, dont beaucoup commençaient à peine à bénéficier de nouvelles activités – que, malheureusement, nous ne serions plus en mesure de les soutenir. 

Comment votre communauté a-t-elle pu réagir ? 

Il y a eu des moments où les personnes que nous servons nous ont encouragés – ils nous ont motivés à continuer malgré les défis. 

Maintenant que les programmes ont repris, la plupart des activités que nous proposions avant les coupes budgétaires sont de nouveau opérationnelles, mais avec un niveau d’engagement différent. Par exemple, nous proposions auparavant des sessions du matin et de l’après-midi pour la formation à l’anglais et aux moyens de subsistance. Actuellement, nous ne pouvons organiser que des sessions le matin. Le nombre de participants à nos cours a également diminué. Ces changements font partie de nos efforts pour stabiliser et normaliser la situation.  

Tout au long de cette période, nous avons réalisé que ce qui s’était passé pouvait également être considéré comme une opportunité potentielle – non seulement pour nous, mais aussi pour les personnes que nous servons. Certains d’entre eux ont obtenu des stages, d’autres ont pu poursuivre leurs cours de langue en mobilisant leur communauté et en trouvant des ressources financières pour payer leurs professeurs. 

Cela a donc montré qu’il y avait une opportunité à saisir. Cette expérience a révélé une nouvelle voie à suivre, que le JRS s’est engagé à explorer. Comment pouvons-nous continuer à aider les communautés à devenir plus autonomes et résilientes avec moins de fonds disponibles ?  

Nous voulons nous appuyer sur la résilience que nous avons acquise jusqu’à présent avec les personnes avec lesquelles nous avons travaillé. Elles ont montré qu’elles étaient capables de faire beaucoup de choses. Et nous voulons nous appuyer sur cela pour progresser.