Le Service jésuite des réfugiés est arrivé en Colombie il y a 27 ans et, depuis 15 ans, il collabore avecquelqu’un qui a consacré sa vie à la mission d’accompagner, servir et défendre. Leidy Reina Guerrero est une femme de Buenaventura, mère, grand-mère et travailleuse infatigable. Aujourd’hui, elle est le membre le plus ancien de JRS/COL et son histoire est également celle de notre organisation.

Leidy Reina, fière de ses origines de Valle del Cauca, a grandi dans une famille nombreuse. Sa mère ayant six enfants, la situation de sa famille était difficile, raconte-t-elle : « Ma vie a été dure car j’ai commencé à travailler à l’âge de 13 ans. J’étais très jeune. J’ai dû le faire parce que ma mère avait beaucoup de mal à subvenir à nos besoins, alors je suis allée vivre et travailler dans un centre d’accueil ». Depuis, elle travaille sans relâche.

Pendant toute son adolescence, elle a travaillé en tant qu’employée dans un centre d’accueil, où elle a grandi et appris le métier qu’elle pratique encore aujourd’hui. Elle a ensuite travaillé dans la Pastorale sociale et dans le diocèse de Buenaventura, où elle a fait ses débuts dans les organisations catholiques et découvert sa volonté de poursuivre la mission d’accompagnement des personnes plus vulnérables. « C’est là que tout a commencé pour moi, pour mon mari et pour mes enfants », raconte-t-elle.

« En 2008, le Service jésuite des réfugiés est arrivé au deuxième étage du diocèse. Ils ont vu que je travaillais à temps partiel et ils m’ont donc proposé de collaborer à temps partiel avec eux », explique Leidy à propos de sa rencontre avec JRS. Elle se souvient que le premier bureau qu’elle a occupé était un tout petit espace dans le centre. Depuis lors, elle a accompagné l’organisation à travers de nombreux déménagements.

Elle se lève tous les jours à 5 heures du matin pour ranger la maison, préparer son déjeuner afin de pouvoir faire une sieste pendant la pause de midi. Elle arrive au bureau à 8 heures du matin et se met immédiatement au travail. Elle est chargée de garder la maison impeccable et de s’occuper des visiteurs. Elle affirme que son café est incroyable et que rien que l’odeur fait réagir même ceux qui affirment ne pas en boire. Elle reconnaît que son travail est très exigeant et qu’elle n’arrête pas de bouger toute la journée, car, comme elle le dit, « J’aime quand les gens arrivent et disent : Quelle belle maison bien rangée ! » Malgré les contraintes de son travail, elle aime rendre service aux gens.

Un travail si dévoué repose toujours sur une motivation forte : ses trois enfants. Grâce à ces années de travail acharné, elle a pu faire en sorte que son fils aîné aille au séminaire des salésiens à Medellin, que sa fille moyenne obtienne un diplôme technique et que son fils cadet obtienne un diplôme de premier cycle. Les réussites de sa famille sont sa plus grande fierté, et les difficultés auxquelles elle a dû faire face en raison du climat de violence qui règne à Buenaventura sont sa plus profonde tristesse. Lorsqu’on lui demande quelle est la chose la plus douloureuse qu’elle ait vécue au cours des 15 dernières années, elle n’hésite pas à répondre. La voix cassée, elle raconte que son fils le plus jeune a dû quitter Buenaventura pour ne pas être enrôlé par les groupes armés du district et que, au début de la pandémie de COVID-19, un de ses neveux a été tué alors qu’il se promenait dans le quartier.

Ce sont peut-être ces aléas de la vie qui ont fait d’elle une femme si solide, pleine d’amour et dévouée au service des autres. Pendant des années, elle a été membre actif des communautés religieuses dans les quartiers où elle a vécu. Lorsqu’elle ne travaille pas, il est possible de la croiser à l’église du quartier Miraflores, où elle aime passer son temps libre et participer aux activités de l’église.

Au cours de ses 15 années passées au sein du JRS, elle a réalisé plusieurs de ses rêves, dont celui de terminer le lycée et d’étudier pour devenir assistante administrative, et ce n’est que le début. Elle sait que ses prochains objectifs sont d’être propriétaire d’une maison, pour ne rien devoir à personne, et de prendre sa retraite pour profiter de ces années de travail.

Leidy Reina est un exemple de vie et de vocation pour celles et ceux d’entre nous qui ont choisi de se consacrer personnellement et professionnellement au soutien des personnes dans le besoin. Le JRS célèbre son dévouement, ainsi que celui de tous les membres du personnel et des partenaires dans le monde entier. Nous souhaitons pouvoir rester le foyer où elle réalise ses rêves et aide sa famille, le lieu d’où elle apporte sa contribution à cette volonté profonde qui nous unit tous : accompagner, servir et défendre les personnes vulnérables de nos communautés.

Cette histoire a été publiée pour la première fois par JRS Colombie.