Le JRS donne la bienvenue au Ramadan, la saison de la réconciliation
05 mai 2019|Père Aloysious Mowe SJ, Directeur du plaidoyer et des communications
Cette année, le mois musulman du Ramadan arrive à un moment où le monde a été marqué une fois de plus par la violence perpétrée contre les gens en raison de leur foi : les fusillades des mosquées en Nouvelle-Zélande qui ont tué 50 personnes, et blessé tout autant ; et les attentats à la bombe qui ont visé des églises au Sri Lanka le matin de Pâques, tuant plus de 250 personnes et en blessant des centaines d’autres. Ces crimes ont été rendus encore plus incompréhensibles pour beaucoup d’entre nous en raison du moment auxquels cela est arrivé : les gens ont été pris pour cible pendant la prière, et, dans le cas des attentats à la bombe au Sri Lanka, le jour le plus sacré de l’année.
Il serait facile de crier à la vengeance et d’ajouter au cycle de la violence à la suite de ces actes terroristes. Le Ramadan nous rappelle cependant qu’il existe une autre façon de réagir aux actes du mal. Nous avons tendance à associer le Ramadan principalement à la discipline du jeûne, mais en fait, l’importance du mois est bien plus que l’abandon de la nourriture et des boissons. Ibn Khuzaymah transmet un hadith ou une tradition dans laquelle le prophète Mohammed dit que le Ramadan est un mois dont le commencement est la miséricorde, dont le milieu est la compassion, et dont la fin est la libération de l’enfer. Beaucoup de cultures musulmanes marquent la fin du Ramadan avec la coutume de demander pardon aux membres de la famille et aux amis pour les torts qui ont commis contre eux.
JRS sert et accompagne de nombreux musulmans déplacés par la violence et le conflit, y compris les Syriens qui ont tout perdu à la suite de la longue guerre civile de leur pays, les Somaliens qui ont passé de nombreuses années en Éthiopie pour échapper aux troubles civils dans leur pays, et les réfugiés Hazara déplacés à l’intérieur de l’Afghanistan par la persécution sectaire. Nous sommes inspirés par la résilience et l’espoir dont nous sommes témoins tous les jours dans la vie des personnes que nous accompagnons, qui font souvent face à des circonstances terribles et à de grandes pertes. Nous reconnaissons également le désir et la nécessité de la réconciliation et de la consolidation de la paix dans toutes ces communautés. La promotion de la réconciliation, face aux conflits, à la violence et au rejet, est devenue une priorité clé pour JRS au cours des prochaines années, et ce travail prend sa source et se renforce grâce aux valeurs communes de pardon et de compassion dans nos diverses traditions religieuses.
Le Pape François nous a rappelé ce mercredi de Pâques que Jésus a intentionnellement ajouté une deuxième partie à la pétition dans la prière du Seigneur, « Pardonnez-nous nos offenses, » afin que notre être pardonné par Dieu soit lié à notre pardon des autres : « comme nous pardonnons à ceux qui nous ont offensé. » Le Pape François note que le pardon arrête la propagation du mal, parce que là où « il est nécessaire de mettre un terme au mal, quelqu’un doit aimer au-delà de ce qui est nécessaire, afin de relancer une histoire de grâce. Le mal sait se venger et, si nous ne l’interrompons pas, le mal risque de se propager, d’étouffer le monde entier. »
Les musulmans ont une tradition similaire qu’ils tentent de vivre à nouveau pendant le Ramadan. Al-Haythami raconte un hadith du prophète Mahomet insistant sur le fait que « celui qui ne fait pas preuve de compassion, ne recevra pas de compassion, et celui qui ne pardonne pas, ne sera pas pardonné. » Que le Ramadan soit l’occasion pour nous tous d’offrir aux autres le don que nous avons déjà reçu du Dieu qui est miséricordieux envers tous et compatissant envers chacun : le don du pardon.