Cinq fois déplacée : la lutte d’une mère pour assurer l’éducation de ses enfants au Myanmar

14 février 2023

Au Myanmar, trop d'enfants n'ont pas accès à l'apprentissage de base. Mima, mère de trois enfants, a dû déménager cinq fois pour assurer l'éducation de ses enfants.
L'un des nombreux camps de personnes déplacées à l'intérieur du Myanmar.

« Je ne peux pas retourner chez moi, et si je le pouvais, je n’ai plus de maison. »

Pour Mima*, son village dans l’est du Myanmar est son foyer. En raison des violences qui ont suivi le coup d’État militaire de février 2021, elle ne l’a pas vu depuis plus d’un an et demi. Elle a été obligée de fuir, avec ses enfants, et a été déplacée cinq fois depuis.

 

« Avant le coup d’État, tout était normal ».

Avant février 2021, Mima, veuve et mère de trois enfants, avait trois emplois pour joindre les deux bouts. Malgré les difficultés, elle a pu subvenir aux besoins de sa famille et était pleine d’espoir pour l’avenir de ses enfants. Le coup d’État et les conflits qui ont suivi ont anéanti son espoir.

En mai, le village de Mima a été attaqué pour la première fois, les forces de la junte militaire s’affrontant aux rebelles locaux. « J’espérais que c’était temporaire », se souvient-elle. C’est pourquoi, au début, elle n’est pas partie. À vrai dire, elle ne pouvait pas : elle n’avait pas les ressources, comme le transport et le revenu disponible, pour déménager.

 

« Nous n’avons pas pu courir ou nous échapper à temps (…) ma famille était coincée dans le conflit. »

Au village, Mima a vu sa maison être brûlée et son père se faire tuer. Son fils, âgé de 15 ans, a été arrêté et a dû passer un an en prison. C’est l’événement qui l’a le plus affectée, elle et sa famille.

Le souvenir de cette époque et la conscience douloureuse du traumatisme persistant de son fils l’ébranlent encore aujourd’hui. « Chaque fois que j’y pense, je suis en larmes, et je ne peux pas contrôler mes émotions », avoue-t-elle.

Après la libération de son fils, la famille a commencé à se déplacer d’un endroit à l’autre à la recherche de sécurité. Mima voulait protéger ses enfants à tout prix : « En tant que mère, je devais rester forte car mes enfants me regardent et dépendent de moi ».

Elle s’inquiétait constamment des besoins primaires, comme la nourriture et le logement, mais elle était surtout préoccupée par l’éducation de ses enfants – la seule possibilité d’un avenir meilleur : « Et s’ils perdaient leurs espoirs et leur avenir ? »

Voir mon fils être heureux à l'école me rend heureuse.
Mima

Après avoir été déplacée cinq fois, Mima est arrivée dans un nouveau camp où elle se sent désormais plus heureuse et en paix. L’une des principales raisons est qu’ici, ses enfants peuvent aller à l’école. Le déplacement et ses conséquences ont montré à Mima l’importance de l’éducation. « Je veux encore donner à mes enfants une belle vie », explique-t-elle, ajoutant « Je ne peux pas leur donner de propriétés ou d’héritage, sauf l’éducation. »

Le fait de pouvoir aller à l’école et de créer des liens avec leurs camarades a également aidé les enfants de Mima à surmonter le traumatisme vécu au cours des deux dernières années. « Voir mon fils être heureux à l’école me rend heureuse », dit-elle. Compte tenu des possibilités offertes à ses enfants dans le camp, elle n’a aucun doute : « Je ne veux plus fuir. »

Bien sûr, elle rêve toujours de pouvoir rentrer chez elle et prie pour la paix. Cependant, l’avenir de ses enfants est sa priorité et tant qu’il sera assuré, elle continuera à avoir de l’espoir pour l’avenir.

 

Malheureusement, comme les enfants de Mima, beaucoup de personnes au Myanmar ne peuvent pas accéder à l’apprentissage de base. Dans tout le pays, l’enseignement est perturbé, et les écoles sont attaquées ou fermées. Les enfants, contraints de fuir d’un endroit à l’autre, ont des difficultés à aller régulièrement à l’école.

Le JRS demande que les enfants déplacés à l’intérieur et à l’extérieur du Myanmar aient accès à l’aide humanitaire, y compris à des programmes d’éducation sûrs, inclusifs, ininterrompus et de qualité. Les investissements dans le matériel scolaire, les infrastructures et les enseignants sont essentiels.

Après deux ans de violence et de destruction, Mima, ses enfants et tout le peuple du Myanmar méritent la paix. Ils ne doivent pas être oubliés.

 

 

 

* Les prénoms ont été changés pour des raisons de sécurité.