Angola : 17 ans plus tard, une note du directeur international du JRS

17 juillet 2018|Père Thomas H Smolich SJ, Directeur international du JRS

Père Smolich SJ avec le personnel JRS à Dundo, Angola (JRS)
Père Thomas H Smolich SJ avec le personnel JRS à Dundo, Angola. (Service Jésuite des Réfugiés)

Luanda – Il y a 17ans, j’ai rendu visite aux jésuites en Angola. Pendant que nous faisions route vers un site de retraite en dehors de Luanda, nous nous sommes arrêtés à Viana, une zone rurale où le JRS travaillait avec des réfugiés du Rwanda et du Congo, ainsi que des déplacés angolais suite è la guerre civile.

17 ans plus tard, je me suis rendu à Viana de nouveau. En 2018, Viana est maintenant une partie de l’étendue Luanda, avec une pauvre communauté mélangée d’Angolais et de réfugiés. Le JRS est toujours là.

Nous accompagnons les Rwandais, qui s’arrêtent ici. Ceux qui pouvaient partir sont partis depuis longtemps. A Viana, quelques centaines des 4.500 Rwandais qui ont perdu leur statut de réfugiés suite à une décision gouvernementale, il y a deux ans, sont extrêmement âgés, extrêmement pauvres, ont la tuberculose, l’infection VIH et des maladies mentales, il y a de tout.

Ils ne peuvent pas rentrer chez eux car ceux qui les ont forcés à partir en Angola sont encore au pouvoir. Dépourvus de leur statut légal, du travail occasionnel et de l’aide de main en main sont la norme. Nous essayons de combler leurs besoins immédiats, et nous n’y réussissons pas toujours.

Je visite une institution de petites pièces, peut- être 10 au total. Le JRS offre les pièces aux réfugiés âgés et qui n’ont personne pour s’occuper d’eux. Quand ils meurent, le JRS paie les couts des funérailles. La liste d’attente est longue, les pièces sont rarement libres.

Nous rencontrons la communauté pendant une heure dans un centre gouvernemental que nous voulons rénover. Nous entendons des histoires de faim, de manque de travail, de problèmes de santé et de notes à payer insurmontables. Nous saluons les présents, nous faisons le possible pour écouter, le personnel JRS explique le suivi sur certaines notes médicales. Ils sont contents de nous voir, et on ne parle pas de ce qui va arriver après.

Je dois admettre que j’emploie le langage de rendement et résultats. J’aime visiter des salles de classe, des réunions de réconciliation, de parler avec le personnel des programmes qui changent des vies. Je suis un croyant du Royaume de Dieu construit ici sur la terre.

Devant les visages brulés par le soleil et le vent des vieux de Viana, parler du Royaume de Dieu serait un mensonge. C’est la mission du JRS que d’accompagner les plus vulnérables, les plus oubliés. A personne il n’est demandé de « faire le mieux », mais plutôt de faire le mieux que nous pouvons.

Le théologien jésuite Jon Sobrino a dit que Jésus est vivant chez les pauvres, et c’est notre travail de descendre le pauvre de la croix. Parfois cependant, le Royaume de Dieu se trouve au pied de la croix : attendre, prier, offrir ce qu’on a.

Tel est Viana, et voilà pourquoi le JRS est encore là.