Changement climatique et déplacements forcés en Afrique de l’Est

28 juin 2022|Dee Dungy, Advocacy Coord. Eastern Africa

D'ici 2050, on prévoit que pas moins de 38,5 millions de personnes seront déplacées de force en Afrique de l'Est.

L’ensemble de la société doit adapter la planification du développement durable afin de se concentrer sur les personnes les plus vulnérables, de protéger et de redonner de la vitalité aux environnements dégradés, d’atténuer les déchets et de renforcer la participation des femmes à la prise de décision en matière d’environnement à tous les niveaux et l’accessibilité aux ressources correspondantes.

Le changement climatique a des effets évidents en Afrique, tels que les facteurs de stress liés à la déforestation, aux inondations, à la sécheresse, à l’érosion des sols, aux tempêtes côtières, à l’invasion de criquets et à la modification des régimes climatiques qui mettent en danger la résilience écologique. En outre, le changement climatique affecte les schémas de migration car il compromet les cultures, les systèmes de production alimentaire, les ressources en eau et exerce une pression croissante sur les zones rurales et urbaines.

[VIDÉO: https://youtu.be/fhDuqvRk6LY]

Selon une note de synthèse du projet soutenu par l’ASARECA « Natural Resource Management and Biodiversity Conservation in the Drylands of Eastern and Africa » (Gestion des ressources naturelles et conservation de la biodiversité dans les zones arides d’Afrique orientale), les zones arides occupent environ 2 millions de km2, soit respectivement 90 %, 75 % et 67 % du Kenya, de la Tanzanie et de l’Éthiopie. Le faible niveau de précipitations et le degré élevé de variabilité limitent les possibilités de production de cultures pluviales. Plus de 60 millions de personnes, soit 40 % de la population de ces pays, vivent dans des zones arides et d’ici 2025, cette population devrait atteindre 90 %.

Protéger les personnes déplacées et réduire leurs vulnérabilités est une partie essentielle de la restauration de la dignité. D’ici 2050, on prévoit que pas moins de 38,5 millions de personnes seront déplacées de force en Afrique de l’Est.

Au Kenya, par exemple, les personnes vivant autour du Mont Kenya ont remarqué que les glaciers de cette montagne ont presque disparu. Cela signifie moins d’eau pour l’agriculture et les autres utilisations agricoles, ainsi que pour les villes et les zones urbaines en aval. En conséquence, les femmes kenyanes doivent parfois parcourir des kilomètres à pied pour trouver de l’eau à usage domestique. Les personnes vivant autour du Mont Kilimandjaro en Tanzanie sont confrontées à des problèmes similaires. Dans les régions où l’agriculture et l’élevage ont disparu en raison du changement climatique, où les saisons des pluies sont plus courtes qu’auparavant et où l’on observe une baisse de 35 % des précipitations totales au cours des deux dernières décennies, certaines femmes se tournent vers la prostitution pour survivre, faute d’autres options.

 

 

Le changement climatique n’est pas neutre du point de vue du genre, même si les femmes sont souvent responsables de l’approvisionnement en eau potable, en nourriture et en énergie pour la cuisine et le chauffage. Par conséquent, les femmes parcourent de longues distances pour aller chercher de l’eau potable, de l’eau pour cuisiner et de l’eau pour se laver, ce qui est physiquement épuisant et peut prendre jusqu’à 20 heures ou plus par semaine. Avec un accès minimal à l’information et une mobilité limitée en dehors de leur domicile, les femmes ont 14 fois plus de risques que les hommes de mourir lors d’une catastrophe naturelle. Elles souffrent de manière disproportionnée des impacts du changement climatique. Bien qu’elles aient un lien étroit avec l’environnement, elles ont peu de droits de propriété et sont relativement peu titrées, propriétaires de terres.

La protection de l’environnement, et par conséquent le développement durable, exigent que les femmes et les hommes soient activement impliqués, notamment par des activités quotidiennes visant à préserver les ressources naturelles et par la participation aux prises de décisions locales et de haut niveau en matière d’environnement.

En outre, comme le souligne le Programme d’Action de Pékin de 1995, la participation des femmes à la prise de décision en matière d’environnement à tous les niveaux est une étape essentielle pour garantir que les questions relatives aux femmes et les perspectives sexospécifiques en matière d’environnement sont incluses dans l’élaboration des politiques, du niveau local au niveau national et mondial. L’Objectif de Développement Durable (ODD)5 se concentre sur l’égalité des sexes et l’autonomisation des femmes. La promotion de l’égalité des sexes ne favorise donc pas seulement la réalisation de l’ODD 5, mais est très pertinente pour renforcer la résilience climatique.

 

 

Cette nouvelle a été publiée pour la première fois par JRS East Africa.