Échos du monde : Un appel commun pour la justice sociale
20 février 2025
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Profondément enracinée dans les enseignements jésuites, la justice sociale exige la défense de la dignité humaine, la solidarité avec les marginalisés et la transformation des systèmes injustes pour défendre le bien commun. Le JRS mène cette mission de changement à travers des processus de réconciliation visant à guérir, reconstruire et restaurer les liens brisés au sein des communautés fragilisées par l’instabilité, la violence et les inégalités.
Nous avons demandé à nos équipes de partager leurs réflexions autour de la justice sociale et de son lien avec leurs efforts de réconciliation dans les pays où elles travaillent.
La justice sociale en tant qu’équité et accès aux ressources
Pour Kawawa Rashidi, Responsable du Genre et de la Consolidation de la Paix au JRS à Adjumani, en Ouganda, la justice sociale consiste à garantir l’égalité d’accès aux opportunités et aux ressources pour tous les individus, indépendamment de leur origine. « Nous intervenons en renforçant les capacités locales de plaidoyer et en intégrant les efforts dans les domaines de l’éducation, de la santé mentale, du travail pastoral et des moyens de subsistance afin de favoriser la stabilité économique et l’autonomie».
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Maria Elena Hernandez, Coordinatrice de la Réconciliation pour le JRS Amérique latine et Caraïbes (ALC), aborde également la nécessité de réduire les inégalités. « Nous devons créer des politiques publiques qui garantissent à tous les individus l’acces à leurs droits fondamentaux, quels que soient leur âge, leur sexe, leur appartenance ethnique, leur classe sociale, leur religion, leur statut migratoire ou leur niveau d’éducation ». L’Amérique latine est la région où les inégalités sont les plus criantes au monde. Une part importante de la population a du mal à subvenir à ses besoins fondamentaux et plus de 50 % de la population n’a pas accès à des droits fondamentaux tels que l’éducation, les soins de santé ou le logement. Cette violence structurelle se traduit ainsi par une violence directe.
La justice sociale, facteur de cohésion sociale
« Pour moi, il est important de vivre dans une communauté où chacun se sent à sa place. La justice sociale, c’est donc valoriser la dignité de chacun, écouter les histoires des gens et considérer chacun avant tout comme un être humain, non défini par ses difficultés ou ses différences. Il s’agit de s’attaquer aux systèmes et aux discours injustes, de manière globale mais aussi au niveau local, en établissant des relations fondées sur le respect et la confiance », déclare Mariosa Caruana, Coordinatrice de la Réconciliation pour le JRS Malte.
À Malte, le JRS cherche à combler le fossé entre les migrants et les communautés locales, ainsi qu’entre les différentes communautés de migrants, en créant des espaces d’accueil, de dialogue et de rencontre. « Il s’agit de donner aux gens la possibilité de se sentir vus, valorisés et connectés, en particulier en se tenant aux côtés de ceux qui s’estiment oubliés ou marginalisés », explique-t-elle.
À la frontière entre la Thaïlande et le Myanmar, la justice sociale signifie plutôt être présent et accompagner la « vie » là où elle est la plus menacée, affirme Sœur Maria Pilar Brufal Jaen, Assistante Pastorale et d’Accompagnement du JRS à Mae Hong Son, en Thaïlande. Elle poursuit : « Nous créons des opportunités de développement et de croissance personnels, de responsabilité familiale et de sens de la communauté. Ensemble, nous revendiquons la possibilité d’un monde plus humain et plus fraternel, en dénonçant les causes qui menacent notre humanité. Les réfugiés eux-mêmes deviennent des agents du changement, favorisant la solidarité et les communautés fraternelles qui assurent la prise en charge et la protection des droits de leurs membres».
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La justice sociale comme promotion et respect des droits de l’homme
Il est essentiel de créer des espaces de discussion portant sur des questions sociales telles que l’inégalité, l’injustice, l’iniquité et la violence. Niangneih Kim, Coordinatrice de la Réconciliation pour le JRS Inde du Nord-Est, réfléchit à ce sujet en disant : « Ces discussions jettent les bases de la construction d’une communauté juste et équitable, où la valeur de chaque individu est fondée sur son humanité ; avant tout, nous sommes tous des êtres humains. Ainsi, la graine de l’égalité est semée, ouvrant la voie à l’autonomisation et à l’émancipation des personnes marginalisées».
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Depuis le Mexique, Daniel Restrepo, Coordinateur de la Réconciliation pour le JRS Mexique, ajoute : « Ici, la justice sociale est liée au plein exercice des droits de ceux qui migrent et traversent ce pays. »
Dans ce contexte, la réconciliation favorise la justice sociale en créant des espaces de vérité et de reconnaissance des réalités auxquelles sont confrontés les migrants. Cela leur permet de guérir, de reconstruire leur vie et de renouer avec leur famille, leurs amis et la communauté migrante au sens large.